Zlatko Wurzberg est l’un des cinq lauréat•es du programme Culture Moves Europe 2024.
Pendant sa résidence Culture Moves Europe, Zlatko traduit Les Cents vingt journées de Sodome, du Marquis de Sade, du français vers le croate.
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“Traduire 400 pages d’une œuvre littéraire considérable à tous points de vue.”
ATLAS – Bienvenue au CITL ! Peux-tu nous parler rapidement de ton parcours ?
Zlatko Wurzberg – Oh, elle est déjà longue la liste des traductions que j’ai faites depuis que je / qu’on /me considère comme traducteur… Déjà au cours de mes études du français, j’ai commencé à faire des petites traductions de textes qui n’étaient pas disponibles en croate, pour les besoins de mes collègues en histoire de l’art (et que ma professeure de grammaire française corrigeait considérablement). Mais ce que je tiens pour mon “rite de passage”, c’était la traduction du livre L’Origine de la perspective de H. Damisch (j’étais son étudiant peu de temps auparavant). Avec cette traduction, j’ai voulu savoir si j’étais capable de faire un travail de longue haleine, traduire un texte ardu, de 500 pages. J’ai réussi à l’accomplir en grand partie au CITL. Après la publication de cette traduction, ce métier est devenu ma profession principale.
ATLAS – La résidence Culture Moves Europe s’adresse spécifiquement à des projets de traduction d’envergure, nécessitant un séjour de 2 mois. Peux-tu nous parler de celui sur lequel tu travailles ? Quels sont les défis et les problèmes que tu peux rencontrer ?
Z.W. – En ce moment, et c’est aussi mon projet de résidence, je suis en train de traduire Les Cent vingt journées de Sodome de Marquis de Sade. Comme pour L’Origine de la perspective, c’est aussi un peu le défi que je voudrais relever, de traduire 400 pages d’une œuvre littéraire considérable à tous points de vue. Il y a exactement un an, j’ai été approché par les éditeurs d’une jeune maison d’édition (Nepoznati smjer, qui est principalement une librairie en ligne et qui se lance depuis peu dans l’édition). D’abord j’étais assez sceptique quant au choix de ce titre. Dans des bibliothèques en Croatie on peut trouver une traduction de ce texte en serbe (ou plutôt serbo-croate), qui date d’il y a maintenant 40 ans et qui se lit plutôt bien, même si la langue est un peu datée. Cependant, en faisant des recherches, ou plutôt des lectures autour des Journées, j’ai entrevu un peu mieux les enjeux de cette œuvre et la signifiance qu’elle peut avoir dans la culture générale d’une langue, de par sa radicalité athée et libertaire. Au-delà de l’intérêt anecdotique pour un texte de réputation sulfureuse, je suis intéressé par son écriture rigoureuse, d’un style sec, vigoureux, mais ample. Parfois, j’ai l’impression que ce que je traduis est très proche des périodes latines… Heureusement, la syntaxe croate permet de bien le restituer.
ATLAS – Que t’apporte cette résidence au CITL, par rapport à ton lieu de travail habituel ?
Z.W. – Je pourrais presque dire que travailler au CITL est mon lieu de travail habituel ! Depuis longtemps, lorsque j’avais quelque chose d’urgent ou d’important à traduire, je me suis toujours refugié en résidences de traduction, avant tout au CITL. Lorsque je travaille chez moi, dans le lieu où je vis, je traduis par passages entrecoupés, car beaucoup de vie privée interfère avec mon travail. Donc, deux ou trois fois par an, je prends une retraite de quelques mois, que ce soit dans une maison en bord de mer ou en résidence de traductions ,où je peux travailler tranquillement sur mes projets de façon continue.
ATLAS – Quels auteurs ou livres aimerais-tu traduire, qui ne le sont pas encore dans ta langue ?
Z.W. – Pascal Quignard évidemment, même si j’ai co-traduit déjà trois de ses livres, et que bientôt paraîtra la traduction de l’Amour la Mer, mais il reste encore beaucoup de ses titres à traduire en croate. Un jour, de Proust, même si La Recherche est déjà traduite en croate depuis longtemps. Peut-être Plaisirs et les Jours, après que j’aie fait Le Mystérieux correspondant.
Les 120 journées de Sodome, ou l’École du libertinage, de Donatien Alphonse François de Sade
À l’école du libertinage, quarante-deux jeunes gens sont soumis corps et âmes aux fantasmes des maîtres du château. Premier chef-d’œuvre du marquis de Sade, tout à la fois scandale et révolution littéraire, chacune de ces cent vingt journées de Sodome est un tableau des vices et perversions les plus criminelles, découvrant avec un inimitable génie la face noire et inavouable de l’homme.
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