Du 16 au 17 octobre, la Sorbonne-Nouvelle Paris 3 accueille un colloque sur la traduction théâtrale.
“Le langage dramatique oscille entre « l’écrit et le dit » (Pierre Larthomas, Le langage dramatique). Sous l’explicite du texte palpite toute une dimension implicite, portée entre autres par le corps des acteurs, leur souffle, leur voix, leurs gestes et leurs déplacements. « Le théâtre, c’est quelque chose de sensuel : on a envie de travailler avec tel acteur, telle actrice… » (Luc Bondy, présentation Tartuffe, Odéon, 2014). Dans l’écriture théâtrale tout est double. L’instance d’énonciation est partagée entre l’auteur qui a imaginé un discours fictionnel pour des personnages qu’il a vus et entendus en imagination et l’acteur qui leur donne une voix et une présence physique et sensorielle bien réelles. Entre le dit de l’auteur et le dire de l’acteur le travail médiateur du metteur en scène filtre les perceptions sensorielles qui seront proposées au public. Luc Bondy évoque l’importance qu’il attache, dans ses mises en scène, aux sens des acteurs : « Je pars de ce que les acteurs me proposent. L’important, c’est de rester attentif à ce que racontent les corps. Pas si facile » (présentation de Tartuffe, Odéon 2014).
Le texte de théâtre est « un texte à trous » (Anne Ubersfeld, Lire le théâtre), ce n’est qu’un état intermédiaire du processus créatif, un potentiel que seule la représentation réalise pleinement en ciblant principalement la vue et l’ouïe du spectateur, organes médiateurs de la perception du spectacle, mais en faisant aussi appel à la mémoire de ses autres sens (toucher, odorat et goût) pour faire resurgir des émotions liées à des expériences passées qui vont entrer en résonance ou dissonance avec les expériences sensorielles racontées ou jouées par les acteurs.
Le traducteur de théâtre s’inscrit donc dans une chaîne complexe qui va de l’écriture du texte dans une langue autre jusqu’à la réception dans la salle de spectacle et qui inclut de multiples partenaires : auteur, traducteur, metteur en scène, scénographe, musicien, régisseur lumière, acteur, public.”