Après bientôt dix semaines de formation au CITL, l’atelier français/arabe de la Fabrique des traducteurs prend fin dans quelques jours et commence aujourd’hui sa préparation des Encres fraîches. La première lecture publique aura lieu ce lundi 23 mai, au Collège des traducteurs d’Arles. En attendant, Bruno Barmaki, un des participants, donne ses premières impressions.
La Fabrique des traducteurs touche à sa fin, après dix semaines de travail intensif, dans une ville – Arles – aussi tranquille que vivante. Le séjour a été parsemé d’échanges, de points de vue et de vie souvent diamétralement opposés. De nombreux débats autour de la traduction ont été soulevés, qu’ils soient d’ordre général ou spécifiques à l’arabe et au français : l’éternel débat entre sourciers et ciblistes, l’oralité de l’écriture et la codification de l’oral, l’infiltration du vernaculaire dans l’écrit, le rôle du traducteur dans l’enrichissement de la langue… Ces discussions fructueuses ont dévoilé des avis divergents qui changent au gré des interlocuteurs et des jours, nous éloignant heureusement d’un monolithisme déjà bien établi dans le monde arabe et qui gagne sournoisement l’Europe. Cet échange entre tuteurs et traducteurs montre non seulement qu’il existe autant de traductions que de traducteurs, mais qu’il y a dix traductions possibles par traducteur ; il montre surtout que le traducteur, abstraction faite de l’acte de traduction, est un médiateur ouvert à la diversité et à l’échange. C’est une bonne nouvelle pour la traduction et pour les langues. Heureusement qu’un traducteur est capable de changer d’avis et de traduction au tournant d’une remarque faite par des pairs, ou à l’aboutissement d’une réflexion. Quel bonheur de savoir que si la traduction est probablement, in fine, un travail solitaire, elle peut se faire dans la concertation.
Durant 68 jours, six traductrices et traducteurs venant d’Algérie, de Belgique, de Syrie et du Liban, auront travaillé chacun sur des livres très différents : des romans, des fables, du théâtre et des sciences sociales, mais partageant des problématiques communes et des appréhensions liées aux premières traductions littéraires. Durant dix semaines, six tutrices et tuteurs, venant de France, d’Algérie, d’Egypte et du Liban ont partagé leur savoir-traduire, proposant, sans imposer, des pistes de réflexion et des approches. Pendant ces deux mois et demi, quatre intervenants professionnels ont été invités pour dresser un panorama sur des sujets aussi variés que les littératures contemporaines arabe et française, le théâtre et l’édition.
Ce travail va être couronné de lectures publiques des traductions à Arles et à Paris, par des personnes qui sont plutôt habituées à écrire qu’à parler. Sans vouloir prétendre transformer les traducteurs que nous sommes en acteurs ou en orateurs, elles nous permettront d’être confrontés à nos textes d’une nouvelle manière.
© Romain Boutillier / ATLAS
Rita Bariche, Bruno Barmaki, Chawki Benzehra, Amjad Etry, Maïté Graisse et Souria Grandi
Prochaines rencontres avec les six jeunes traducteurs de l’atelier français/arabe :
Lundi 23 mai à 18h30 au CITL
Espace Van Gogh – 13200 Arles
Mercredi 25 mai à 20h30 à la Maison de la Poésie
Passage Molière – 157, rue Saint-Martin (Paris 3e)