Les 4 et 5 avril prochains aura lieu l’édition 2018 des rencontres D’un pays l’autre – Découvertes et aventures de la traduction littéraire, organisées par les éditions lilloises La Contre allée. Deux thématiques explorent cette année le politique et la question des genres dans la traduction : “Traductions militantes queers & féministes” et “La langue française a-t-elle besoin d’être féminisée ?”. Ces rencontres sont en entrée libre.
> Mercredi 4 avril à 20h : Traductions militantes queers & féministes
Rencontre avec Noomi B Grüsig
Au Centre LGBT “J’en suis, j’y reste” au 29 Rue de Condé, Lille
Les idées et les mots circulent à travers les gens qui militent, qui s’inspirent de réflexions nouvelles et qui les relaient. C’est pourquoi il faut trouver des façons de traduire ces concepts de manière à respecter les contextes dans lesquels ils sont employés. Quelles sont les perspectives de traduction et d’édition qui permettent de faire ce travail d’adaptation particulier en respectant et en nourrissant les enjeux des luttes locales ?
D’un Pays l’Autre, en collaboration avec Les Flamands Roses et l’Université de Lille accueillent Noomi B. Grüsig pour partager ces réflexions à partir de quatre textes sur lesquels elle a travaillé : Manifeste d’une femme trans de Julia Serano, De la marge au centre, Théorie féministe de bell hooks, Le quiz du genre de Minnie Bruce Pratt, en enfin Stone Butch Blues, un ouvrage de Leslie Feinberg à paraître en français aux éditions Hystériques & Associées.
Noomi B. Grüsig est traductrice, autrice, chercheuse indépendante et barmaid. Formée sur le terrain militant féministe et LGBT, elle a traduit en français des textes de référence (bell hooks, Julia Serano, Minnie Bruce Pratt) ainsi que de nombreux articles militants et communautaires.
> Le jeudi 5 avril à 18h30 : La langue française a-t-elle besoin d’être féminisée ?
Rencontre avec Éliane Viennot, modérée par Noomi B. Grüsig
Librairie Meura, 25 rue de Valmy, Lille
Depuis les années 1980, les efforts pour promouvoir un langage moins sexiste ont été présentés comme une « féminisation » : d’abord du vocabulaire des métiers, titres et fonctions, ensuite de la langue elle-même. Ces efforts, qu’ils soient militants ou non, ont soulevé des protestations récurrentes, souvent violentes, de personnes ou d’institutions dénonçant ces initiatives comme contraires au « génie de la langue », venues d’une confusion entre le domaine de la grammaire et celui de la société, sous la pression de féministes désormais en capacité d’imposer leurs vues mais toujours dépourvues de raison ou de savoir. La réalité est toute autre. C’est parce que le « génie » en question est relativement égalitaire, et qu’il s’exprime aujourd’hui dans une société qui a fini par admettre le principe de l’égalité entre les sexes, qu’il retrouve peu à peu ses droits, après une longue période de masculinisation forcée à laquelle les locuteurs et locutrices ont beaucoup résisté. Et c’est pour cette même raison qu’on peut aujourd’hui espérer agir en vue d’une véritable égalité dans nos façons d’écrire et de parler.