La rencontre à l’écoute [1h43]
// L’auteur //
Yishaï Sarid est avocat et auteur de romans policiers. Un temps officier de l’armée israélienne, il est le fils du député de gauche et infatigable militant pour la paix, Yossi Sarid. Il a étudié le droit à Jérusalem et à Harvard. Il est aujourd’hui avocat dans le secteur privé.
En 2011, il remporte le grand prix de littérature policière pour Le Poète de Gaza (Limassol). Il sort “Une proie trop facile” en 2015.
Ses romans traduits en français :
- Une proie trop facile, Actes Sud, coll. « Actes noirs », 2015, traduction de Laurence Sendrowicz
- Le Poète de Gaza, Actes Sud, coll. « Actes noirs », 2010, traduction de Laurence Sendrowicz
- Le Troisième Temple, Actes Sud, 2015, traduction de Rosie Pinhas-Delpuech
// La traductrice //
Née en Turquie d’un père francophone et d’une mère germanophone, au sein d’une famille judéo-espagnole. Après une jeunesse et une adolescence stambouliotes, imprégnées par le multilinguisme de son entourage, Rosie Pinhas-Delpuech se rend en France à 18 ans pour y prolonger ses études, consacrées à la philosophie et à la littérature française. Dans les années 1960, elle enseigne en Israël ces deux matières.
Elle revient ensuite en France. Elle y fait profession de traductrice, notamment d’hébreu en français. Elle y est également femme de lettres et romancière, écrivant et publiant en français. En 2004, son ouvrage Suite byzantine s’est vu décerné une mention spéciale par le jury du prix Alberto-Benveniste, et ce même prix littéraire en 2014 pour la totalité de son œuvre. Elle dirige concomitamment la collection Lettres hébraïques aux Éditions Actes Sud.
De l’hébreu vers le français, elle a traduit des livres de Batya Gour, Yoram Kaniuk, Etgar Keret, David Grossman, Orly Castel-Bloom, Alona Kimhi, Haïm Gouri, Rutu Modan, Asaf Hanuka, David Vogel, Ronit Matalon, Itzhak Orpaz, Itamar Levy, Dalya Cohen, Daniella Carmi, Yeshayahu Koren, Batia Kolton, Yehoshua Kenaz, Shimon Adaf, Omri Teg’amlak Avera, Dror Burstein, Aharon Megged, Nurit Zarchi, Yaakov Shabtai͏, Tamar Berger, Avirama Golan, Gadi Taub…
Ses publications :
- L’autre monde : étude sur l’univers romanesque de Cyrano de Bergerac, thèse, 1977.
- L’Orthographe, Éditions Albin Michel, 1982.
- Insomnia : une traduction nocturne, Éditions Actes Sud, 1997.
- Suite byzantine, Éditions Bleu Autour, 2003, réédité en 2009.
- Anna : une histoire française, Éditions Bleu Autour, 2007.
- L’Angoisse d’Abraham, Éditions Actes Sud, 2016.
Ses traductions :
Mercredi 17 octobre 2018 // 18h30
CITL (Espace Van Gogh, Arles) – Entrée libre
ATLAS reçoit au Collège international des traducteurs littéraires l’auteur israélien Yishaï Sarid et sa traductrice Rosie Pinhas-Delpuech autour du roman Le Troisième Temple (Actes Sud, coll. Lettres hébraïques, février 2018).
// Le livre //
Le Troisième Temple, c’est celui qui doit être reconstruit à la fin des temps, quand le Messie arrivera, que les morts ressusciteront et que la paix la plus absolue régnera sur le monde. Telle est la croyance traditionnelle juive : un horizon d’utopie, un messianisme sous forme d’attente et de promesse.
Inaugurant un genre qu’on pourrait qualifier d’anticipation biblique, et sous les atours du conte cauchemardesque, l’auteur du Poète de Gaza imagine la reconstruction de ce troisième temple, pour mieux en prophétiser la destruction.
Dans un avenir au goût de retour en arrière, après l’éradication de la ville de Tel-Aviv par l’ennemi amalécite, le peuple d’Israël revient au Livre au pied de la lettre et court à sa perte. À travers le sidérant récit du fils infirme du roi, sourd aux avertissements d’un ange qu’il prend pour le diable, se joue l’éternel combat de la foi en Dieu et de la confiance en l’homme.
Hypnotique dans sa restitution des rituels, saisissant dans le jusqu’au-boutisme de l’engrenage, Le Troisième Temple est une expérience de lecture extrême. Parce qu’une certaine frange minoritaire de la droite dure israélienne prône actuellement ce retour aux sources bibliques, parce qu’il n’exagère finalement rien et se contente de déplier l’utopie dans le détail, le roman de Yishaï Sarid, entre charge politique et démonstration par l’absurde, peut se lire comme l’avertissement inquiet d’un observateur contemporain dont la mémoire est le gouvernail.