Nathalie Bontemps et Marianne Babut, deux anciennes participantes à l’atelier français-arabe 2013 de la Fabrique des traducteurs, viennent de recevoir le 12e Prix de la traduction Ibn Khaldoun-Senghor pour leur traduction de l’arabe (Liban) Soie et Fer. Du Mont Liban au canal de Suez (coll. “Sindbad”, éditions Actes Sud, 2017). Ce récit historique de l’universitaire libanais Fawwaz Traboulsi aborde les relations complexes entre l’Europe et les pays du Levant à travers le destin de personnages célèbres comme inconnus.
Consacré aux événements et aux personnages marquants de l’histoire de la Méditerranée au XIXe siècle, ce récit s’ouvre sur une bénédiction religieuse qui inaugure la saison de la sériciculture au Mont-Liban et se termine par deux événements symboliques qui concluent un périple historique entre les deux rives de la Méditerranée : la nationalisation du canal de Suez par Nasser en 1956 et le retour des cendres de Lady Esther Stanhope en 2004 au Liban.
Un récit historique sans équivalent, dans sa forme et dans son propos. Ni fiction, ni chronique historique, il garde de l’une un sens narratif aigu et de l’autre la densité de la trame documentaire.
Le prix sera remis à Marianne Babut et Nathalie Bontemps, en présence de l’auteur, le 3 décembre prochain à 15 h 30, au siège parisien de l’ Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
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Créé en 2008 conjointement par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Organisation arabe pour l’Éducation, la Culture et les Sciences (ALECSO), le Prix de la traduction Ibn Khaldoun-Senghor a pour objectif de promouvoir la diversité culturelle et linguistique et d’encourager les échanges culturels et littéraires entre le monde arabe et l’espace francophone. Il récompense la traduction d’un ouvrage littéraire ou de sciences humaines de l’arabe vers le français et s’adresse aux traducteurs, aux universités, aux instituts d’enseignement supérieur et aux centres d’études et de recherches, aux associations et aux unions nationales, ainsi qu’aux maisons d’édition du monde arabe et de l’espace francophone. Doté de 10 000 euros, à parité entre l’OIF et l’ALECSO, il est attribué chaque année par un jury international.
Nathalie Bontemps
Nathalie Bontemps est née en 1977 à Paris. En 1999, elle s’installe à Marseille où elle poursuit des études d’arabe. En 2003, elle part à Damas pour y continuer ses études et y vit jusqu’à la fin de l’année 2011. Elle a à son actif huit publications de traductions de littérature libanaise et syrienne. Elle traduit de la poésie et des romans arabes, elle est aussi auteur de récits poétiques du quotidien et de livres pour enfants.
Depuis 2012, elle vit à Saint-Denis en région parisienne et enseigne l’arabe à l’Institut des Cultures d’Islam, à Paris.
Traductions publiées : Lettres de Syrie de Joumana Maarouf, traduit par Nathalie Bontemps, éditions Buchet Chastel, 2014 ; Récits d’une Syrie oubliée, Yassin Al Haj Saleh, éditions Les prairies ordinaires, 2015 (Traduction en collaboration avec Marianne Babut) ; Dossier de littérature syrienne, revue Siècle 21, automne-hiver 2013 ; D’autres vies, roman d’Iman Humaydane, Liban, éditions Verticales 2012 ; Les miroirs de Frankenstein, récits d’Abbas Beydoun, Liban, éditions Sindbad Actes Sud 2012 ; Tu me survivras, anthologie poétique de Bassam Hajjar, Liban, éditions Sindbad Actes Sud 2011 ; Cent quatre-vingt crépuscules, roman de Hassan Daoud, Liban, éditions Sindbad Actes Sud 2010.
Marianne Babut
Elle enseigne le français (Français Langues étrangères) de 2009 à 2011 à l’Institut Français, l’Institut National d’Administration, l’Entreprise Total- Deir el Zor, à Damas en Syrie, puis de 2012 à 2014 aux détenus étrangers de la Maison d’arrêt de Bois d’Arcy, dans la perspective de faciliter leur réinsertion sociale.
Traductrice de romans et essais de l’arabe vers le français, elle a participé en 2013 à l’atelier français-arabe de la Fabrique des traducteurs, en même temps que Nathalie Bontemps. Ayant toutes deux vécu en Syrie, elles ont depuis souvent traduit à quatre mains.
Ses dernières traductions publiées : Sobhi Hadidi, Dans la tête de Bachar al-Assad, Actes Sud, 2018 ; Anthologie des idéologies politiques arabes du XXème siècle, dir. Leïla Seurat, éd. CNRS, 2018 ; Fawwaz Traboulsi, Soie et fer, Du Mont-Liban au canal de Suez, Actes Sud, 2017 ; Écrits libres de Syrie : de la révolution à la guerre, dir. Franck Mermier, éd. Garnier, 2018 ; Yémen : écrire la guerre, dir. Franck Mermier, éd. Garnier, 2018 ; Ghana Khalifa, Habiter cette maison, éd. Alidades, 2017 ; La bande-dessinée arabe aujourd’hui, éd. Alifbata, 2017 ; Samandal, Ça restera entre nous, éd. Alifbata, 2016 ; Yassin al Haj Saleh, Récits d’une Syrie oubliée, éd. Les prairies Ordinaires, 2015 ; Lena Merjeh, Laban et confiture, éd. Alifbata, 2015 ; Ali Ben Makhlouf, Préface du Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles, dir. Barbara Cassin, éd. du Seuil, 2014 ; Mohammed al-Fakharany, La traversée du K.-0., éd. du Seuil, 2014 [« Prix de Littérature Arabe 2014 »] ; Manon Loizeau, Syrie, le cri étouffé, France 2, 2017 ; Samer Salameh, 194. Nous, enfants du camp, Bidayyat, 2017.
De la culture du mûrier au Mont-Liban, destinée à l’élevage du ver à soie pour le compte des soyeux lyonnais, jusqu’au creusement du canal de Suez, l’auteur retrace l’histoire des relations tumultueuses entre l’Europe et le Proche-Orient au cours du XIXe siècle. Non sous la forme d’un essai historique mais sous celle d’annales où les destins individuels d’une foule de personnages se trouvent imbriqués dans le jeu cynique des nations, les luttes de classes et les conflits communautaires. Ainsi voit-on défiler, dans une impressionnante galerie de portraits, des hommes et des femmes qui ont tissé ensemble la trame de ce siècle charnière sans le savoir ni le vouloir : de l’aristocrate britannique Lady Stanhope, proclamée en 1813 par les Bédouins “reine de Palmyre”, à l’entrepreneur français Ferdinand de Lesseps, promoteur du projet du canal de Suez, en passant par le saint-simonien Enfantin, l’émir Abdelkader, Flora Tristan, l’écrivain libanais Fa ris al-Chidyaq, Lamartine, Karl Marx – mais aussi par des canuts lyonnais, des pachas turcs, des oulémas égyptiens… et des paysans maronites du Mont-Liban en route pour l’Algérie.
[Source : éditions Actes Sud]