Michaela Meßner est l’une des cinq lauréat•es du programme Culture Moves Europe 2024.
Pendant sa résidence Culture Moves Europe, Michaela termine la traduction de Mon mari, de Maud Ventura (L’Iconoclaste, 2021), et commence la traduction de Triste tigre, de Neige Sinno (P.O.L., 2023), du français vers l’allemand.
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“Triste Tigre, de Neige Sinno, est, pour son sujet, le livre le plus important de ma carrière [de traductrice]”
ATLAS – Bienvenue au CITL ! Peux-tu nous parler rapidement de ton parcours ?
Michaela Meßner – J’ai commencé à traduire après une maîtrise en littérature française et espagnole, et j’ai toujours voulu être au plus près de la création, sans pour autant devenir auteure. Alors, j’ai choisi la traduction littéraire et j’ai débuté avec un livre de Benjamin Fondane, Rimbaud le voyou ; c’était déjà assez compliqué. Après, j’ai traduit de plus en plus de livres de l’anglais et de l’espagnol, et je me suis spécialisée dans la fiction.
ATLAS – La résidence Culture Moves Europe s’adresse spécifiquement à des projets de traduction d’envergure, nécessitant un séjour de 2 mois. Peux-tu nous parler de celui sur lequel tu travailles ? Quels sont les défis et les problèmes que tu peux rencontrer ?
M.M. – Actuellement je traduis deux livres en même temps : il faut parfois changer de plan, parce que les éditeurs changent de plan. Mon mari de Maud Ventura est presque prêt, et actuellement je traduis Triste tigre de Neige Sinno. Ce livre, je le considère, non pas comme le plus beau, mais comme le sujet le plus important de ma carrière. La traduction me demande beaucoup de travail, parce que j’ai l’impression que là ce n’est pas qu’une œuvre de fiction, mais un témoignage qui demande du respect pour ne pas falsifier l’auteur et pour vraiment rendre sa sincérité. C’est, je trouve, très important pour ce livre ; et je suis très fière qu’on m’ait confié cette tâche.
ATLAS – Que t’apporte cette résidence au CITL ?
M.M. – Dans une résidence, je peux vraiment me concentrer sur mon travail. J’ai une belle bibliothèque ici, tout mon temps pour traduire, et je fais de belles rencontres. Il y a d’autres traducteurs auxquels on peut demander des choses si on a besoin, et parler de traduction, mais aussi connaître d’autres cultures, et entendre parler français, je trouve cela vraiment génial.
Mon Mari, de Maud Ventura (L’Iconoclaste, 2021)
« Excepté mes démangeaisons inexpliquées et ma passion dévorante pour mon mari, ma vie est parfaitement normale. Rien ne déborde. Aucune incohérence. Aucune manie. »
Elle a une vie parfaite. Une belle maison, deux enfants et l’homme idéal. Après quinze ans de vie commune, elle ne se lasse pas de dire « mon mari ».
Et pourtant elle veut plus encore : il faut qu’ils s’aiment comme au premier jour.
Alors elle note méthodiquement ses « fautes », les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre. Elle se veut irréprochable et prépare minutieusement chacun de leur tête-à-tête. Elle est follement amoureuse de son mari.
Du lundi au dimanche, la tension monte, on rit, on s’effraie, on flirte avec le point de rupture, on se projette dans ce théâtre amoureux.
Triste Tigre, de Neige Sinno (P.O.L, 2023)
« Il disait qu’il m’aimait. Il disait que c’est pour pouvoir exprimer cet amour qu’il me faisait ce qu’il me faisait, il disait que son souhait le plus cher était que je l’aime en retour. Il disait que s’il avait commencé à s’approcher de moi de cette manière, à me toucher, me caresser c’est parce qu’il avait besoin d’un contact plus étroit avec moi, parce que je refusais de me montrer douce, parce que je ne lui disais pas que je l’aimais. Ensuite, il me punissait de mon indifférence à son égard par des actes sexuels. »
This work was produced with the financial assistance of the European Union. The views expressed herein can in no way be taken to reflect the official opinion of the European Union.