Depuis 2017, ATLAS a développé La Fabrique des humanités : un programme de formation fait d’ateliers d’une semaine, spécifiquement conçus pour qualifier des traducteurs dans le champ de la recherche en sciences humaines et sociales, en apportant à de jeunes chercheurs un approfondissement de leurs compétences en traduction.
Après le succès de l’atelier des philosophes en 2019, ATLAS a organisé à la villa Médicis, du samedi 23 au jeudi 28 octobre 2021, un atelier quadrilingue français / allemand / anglais / italien, dans les domaines de l’histoire de l’art et de l’esthétique.
Cet atelier intensif a accueilli 10 traducteurs et chercheurs en histoire de l’art traduisant de l’une de ces langues vers le français ou vice-versa. Les participants ont apporté un projet en cours et ont été hébergés dans diverses structures partenaires. Chaque jour, ils se sont retrouvés à la Villa Médicis pour échanger sur la singularité de chacun des textes proposés et ont recherché ensemble l’universalité des effets produits dans chaque culture.
Les travaux ont été conduits par Sacha Zilberfarb – traducteur de l’allemand vers le français, notamment des écrits de l’artiste Daniel Spoerri, des historiens de l’art Aby Warburg et Heinrich Wölfflin, du musicologue Carl Dahlhaus et dernièrement d’écrits sur la musique de Théodor W. Adorno.
Le français étant la langue commune à tous les travaux, la majeure partie des débats s’est faite en français. Le travail sur les textes a été placé au centre de l’atelier, en s’appuyant sur la diversité des projets proposés.
Sacha Zilberfarb, le tuteur de l’atelier des Historiens de l’Art
Sacha Zilberfarb est né et vit à Paris. Après avoir mené des études de littérature allemande, il a enseigné dix ans en région parisienne. Il se consacre à la traduction depuis 1999. Dans le champ littéraire, il a traduit notamment des romans d’Edgar Hilsenrath (en collaboration avec Jörg Stickan), des nouvelles de Stefan Zweig, des lettres de Rainer Maria Rilke. Dans le domaine des sciences humaines, il a traduit la psychanalyste Helene Deutsch, le sociologue Hartmut Rosa, le musicologue Carl Dahlhaus, le philosophe Theodor W. Adorno, le théoricien de l’art Konrad Fiedler, les historiens de l’art Werner Spies, Aby Warburg et Heinrich Wölfflin, l’artiste Daniel Spoerri.
Dernières traductions publiées :
Daniel Spoerri, Anecdotomania (Editions des Beaux-Arts de Paris, 2021)
Theodor W. Adorno, Beethoven. Philosophie de la musique (Editions Rue d’Ulm, 2021)
Les participants à la Fabrique des Humanités
Juliette Bessette
Projet de traduction de l’anglais vers le français : Anthologie Who is this Pop? (1950s & 1960s)
Juliette Bessette est doctorante de l’université de la Sorbonne et chercheuse pour le centre allemand d’histoire de l’art à Paris. Elle travaille avec l’historien de l’art Hervé Vanel (American University of Paris) à l’établissement d’une anthologie en langue française de textes associés au mouvement du pop art anglais. Elle regroupera les écrits d’artistes, critiques, théoriciens et chercheurs associées à l’Independent Group. Actives à Londres dans les années 1950 et 1960, ces différentes personnalités partagent un tropisme vers une approche socio-anthropologique de la culture de masse et des productions artistiques et commerciales qui en sont issues. Si leurs l’activités ne peuvent se comprendre que dans un élan collectif, cette anthologie mettra cependant également en évidence l’originalité de chacune de leurs approches.
Jules Colmart
Projet de traduction de l’anglais vers le français : Vision and Design de Roger Fry, Londres, Chatto & Windus, 1920
Ancien élève de l’ENS Ulm, agrégé de philosophie après deux ans d’enseignement aux Etats-Unis, Jules Colmart est actuellement doctorant en esthétique au sein de l’UMR Pays Germaniques ( UMR 8547, ED 540). Sous la direction d’Isabelle Kalinowski, il réalise une thèse d’épistémologie des sciences humaines, sur la constitution de la Kunstwissenschaft en Allemagne à partir de la fin du XIXème siècle, les débats autour des conditions de possibilité d’une histoire objective de l’art, et les épigones de ce débat dans la théorie ultérieure au XXe siècle, notamment en France. Il enseigne cette année à l’ENS-PSL sur le structuralisme et la philosophie de l’art. Il est aussi l’auteur d’une anthologie consacrée à l’impressionnisme (Grasset, 2019) et d’un ouvrage sur la correspondance d’André Breton avec Simone Kahn D’André à Simone Breton : Au grand jour co-écrit avec Katia Sowels, Éditions de la rue d’Ulm, 2020.
Damiano De Pieri
Projet de traduction du français vers l’italien : Écrits sur la peinture de Philippe Soupault, éditions Lachenal, cop. 1980
Docteur en littérature française et comparée, actuellement chercheur associé et chargé de cours à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, Damiano De Pieri a soutenu une thèse sur les origines du surréalisme en cours de publication. Ses recherches sont consacrées à l’histoire de la littérature et de l’art au prisme de la culture médiatique, à la relation entre les expressions artistiques et littéraires et entre les poètes et les artistes, à la dimension transnationale de l’avant-garde, à la réception et à la resémantisation des œuvres. Ses publications portent notamment sur l’avant-garde et ses protagonistes.
Norbert Danysz
Projet de traduction de l’anglais vers le français : A story of ruins : Presence and Absence in Chineses Art and visual Culture, London, cop. 2012
Doctorant en études chinoises à l’Université Lumière Lyon 2, Norbert Danysz consacre ses travaux de recherches aux bandes dessinées chinoises et à leurs évolutions stylistiques au XXe siècle. En examinant la bande dessinée pour elle-même et non comme simple espace de représentation, en tâchant d’analyser ses styles graphiques, il s’agit d’envisager les œuvres dessinées comme des objets de l’histoire de l’art. C’est en explorant les ressorts de cette discipline dans l’art chinois que s’est imposée l’envie de traduire A Story of Ruins: Presence and Absence in Chinese Art and Visual Culture de l’universitaire états-unien Wu Hung. Dans cet ouvrage, l’auteur retrace les différentes représentations chinoises de la ruine, du vestige, de la fragmentation, du passage du temps, dans des productions visuelles comprises entre l’antiquité et l’époque la plus contemporaine. Cette approche thématique singulière permet ainsi de balayer toute l’histoire de l’art chinois d’un œil neuf, tout en proposant une essentielle désoccidentalisation de la ruine.
Lucas Faugère
Projet de traduction de l’anglais vers le français : André Cadere, Lettres sur un travail (1978), introduction et notes de Bernard Marcellis, JBE Books, à paraître en 2021.
Lucas Faugère écrit, traduit, édite, photographie, enseigne, entre autres efforts aux croisées de l’image et du texte, des sciences humaines et de leur transmission, du français et de l’anglais. Diplômé de Lettres, d’Anglais et de Philosophie, ayant exploré d’autres champs hybrides, et les États-Unis lors d’échanges universitaires, il accompagne artistes, chercheur·se·s, et associations (co-président d’Ernest) dans leurs projets avec rigueur et bienveillance. Il a récemment traduit des auteur·rice·s aussi talentueux·ses et divers·es que R. Sekiguchi, B. Latour, D. Horvitz, E. Coccia… Publié ici et là auprès de passionné·e·s pointu·e·s comme d’institutions reconnues, il s’attache à tisser ensemble des activités cohérentes et fertiles.
Matilda Holloway
Projet de traduction de l’anglais vers le français : New Dark Age, Technology and the End of the Future de James Bridle, Verso 2018
Matilda Holloway est artiste visuelle et traductrice littéraire et audiovisuelle. Originaire de Londres, elle vit en France depuis l’an 2000. Titulaire de diplômes en sciences du langage et en création audiovisuelle, elle mène depuis 2017 un doctorat de recherche-création à l’Université de Toulouse. Sa thèse s’intéresse à la dimension hétérotopique du médium audiovisuel, son potentiel à faire découvrir et à créer des espaces autres, en puisant dans le genre de la science-fiction, l’imaginaire du roman gothique anglais et du fantastique afin d’expérimenter les modes narratifs et questionner nos modes de perception.
Son activité de traductrice constitue un aspect central dans son parcours qui se construit à partir de cette position d’interprète. L’extrait de New Dark Age de James Bridle proposé pour l’Atelier des historiens de l’art permet notamment de montrer une jonction entre l’image, la représentation et la traduction, qui est particulièrement utile pour questionner la manière dont se complètent et se répondent ces différentes activités – chercher/créer/traduire. Elle vit et travaille à Toulouse.
Nat Paterson
Projet de traduction du français vers l’anglais : Léopold Chauveau : Au pays des monstres, Paris – musée d’Orsay, 2020, plusieurs auteurs.
Nat Paterson est un traducteur de textes culturels et académiques qui fait partie du comité dirigeant du réseau Emerging Translators’ Network. Diplômé d’un Master en traduction littéraire à l’université d’East Anglia en 2016, il publie en 2017 le livre qui a fait l’objet de sa thèse : Echoes of a Lost Voice: Encounters with Primo Levi (Gabriella Poli et Giorgio Calcagno, Elstree: Vallentine Mitchell), une biographie traduite de l’italien. Depuis 2018, Nat Paterson s’occupe de l’œuvre littéraire et visuel de Léopold Chauveau (1870-1940) en travaillant en collaboration avec son petit-fils Marc Chauveau, qui fournit de l’aide archivistique aux responsables de nouvelles éditions d’ouvrages de son grand-père ainsi qu’aux chercheurs.
Jean Torrent
Projet de traduction de l’allemand vers le français : Die Anfänge des monumentales Stiles im Mittelalter de Wilhelm Vöge
Jean Torrent est traducteur indépendant. Il a travaillé comme dramaturge et conseiller littéraire pour le théâtre et la radio, avant de se vouer pour l’essentiel à la traduction depuis une vingtaine d’années. Parmi les auteurs qu’il a traduits dans le champ de l’histoire de l’art, on peut nommer le comte Harry Kessler, Otto Stelzer, Hans Belting, Werner Hofmann, Alfred Weidinger, Stephan Steingräber, Werner Spies, Nils Büttner, Stefan Gronert, Herbert Molderings, Bénédicte Savoy, Steffen Siegel ou Johannes Grave.
Marie Van Effenterre
Projet de traduction de l’anglais vers le français : Untitled : The Housing of Gender de Mark Wigley, in Beatriz Colomina (dir.), Sexuality and Space. Princeton, Princeton Architectural Press, 1992.
Après des études en langues et littérature (post-)yougoslaves (INALCO) et en anthropologie sociale (EHESS), Marie Van Effenterre a bifurqué vers la traduction littéraire du serbo-croate et de l’anglais vers le français. Depuis dix ans, elle traduit des textes dans le domaine des sciences sociales, de la poésie et du théâtre. Collaboratrice régulière de la revue Justice spatiale / Spatial Justice, elle a récemment traduit l’anthologie Des voix s’élèvent. Des féminismes en architecture, à paraître aux Éditions de la Villette sous la direction de Stéphanie Dadour. Depuis 2020, elle mène un projet de recherche-action pour Quai des Langues, un programme d’ateliers de traduction littéraire à destination de publics primo-arrivants (ATLAS). Membre du séminaire de traductologie féministe FÉLiCiTÉ (ENS/Lyon 2), elle est également coordinatrice du comité littéraire « sud-est européen » de la Maison Antoine Vitez. Elle a animé des ateliers de traduction à l’EHESS Paris et à Sciences Po Reims.
Michael Walz
Projet de traduction du français vers l’allemand : Jean Clair, Zoran Music à Dachau. La barbarie ordinaire, 2001 (rééd. 2018)