ATLAS et le projet Livres des deux rives – un dialogue méditerranéen par le livre
Première langue parlée par les populations les plus récemment arrivées en Europe, et par plus de 500 millions de locuteurs dans le monde, la langue arabe reste, dans le champ des échanges de traduction, une « langue rare » dont peu de publications se font l’écho. La traduction littéraire, comprise au sens large comme la traduction d’œuvres de l’esprit à visée éditoriale, qu’il s’agisse de fiction ou de non fiction (sciences humaines et sociales), représente justement une partie de cet écho nécessaire au dialogue entre les deux rives de la Méditerranée.
Cette pauvreté du flux de traduction produit une forte invisibilité : Emmanuel Varlet parle de « vision subjective et unilatérale des langues orientales […] ne [pouvant] qu’entraver l’échange entre les cultures ». Et si la littérature arabe en général est sous-représentée dans le flux de traduction vers le français, la Méditerranée occidentale est encore moins visible par rapport à la production littéraire de son pendant oriental. En effet, le rôle historiquement prédominant de l’Egypte et du Liban sur le marché du livre en arabe a laissé peu de place à la professionnalisation du milieu au Maroc, en Tunisie et en Algérie ; la tradition littéraire en langue arabe dans ces pays est relativement jeune et n’a pas de fondations aussi solides.
S’appuyant sur ces constats, ATLAS s’est associée en 2021 au projet européen LEILA, fondé sur une volonté commune de favoriser en Europe la connaissance, via la traduction, de la nouvelle scène littéraire arabophone. Livres des deux rives – un dialogue méditerranéen par le livre poursuit l’engagement d’ATLAS en faveur de la littérature arabe contemporaine en encourageant l’émergence d’une nouvelle génération de traducteurs. Ce projet innovant porté par l’Institut Français vise à répondre à une problématique de fond, spécifique aux pays de la Méditerranée occidentale, et à poser des jalons pour la traduction littéraire à venir. Il s’agit ici à la fois de former la nouvelle génération de traducteurs, ces personnages clés de la chaine du livre, porteurs d’idées et défenseurs de littératures, et de produire une anthologie non exhaustive d’œuvres à traduire en sciences humaines et sociales.