Mardi 10 novembre, Julie Sibony, traductrice littéraire résidant à Arles, a accueilli les élèves d’une Terminale littéraire du lycée varois de Lorgues au CITL. Cette rencontre faisait partie à d’une journée “Découverte des métiers du livre”, organisée à l’initiative de leurs professeurs de lettres et d’anglais. La trentaine d’élèves a ainsi pu dévouvrir les métiers de l’édition avec Actes Sud et celui de traducteur littéraire au Collège International des Traducteurs Littéraires.
Julie Sibony, comment avez-vous abordé cette rencontre avec les lycéens de Lorgues ?
J. S. : J’ai d’abord présenté le métier de traducteur littéraire dans tous ses aspects : la journée type d’un traducteur, les relations qu’il entretient avec l’éditeur et avec l’auteur, et le type de rémunération. J’avais également apporté plusieurs de mes traductions éditées pour leur donner une idée de la variété des textes et des choix éditoriaux tels que le titre, la couverture, et évidemment la place du nom du traducteur…
Avez-vous traduit avec eux ?
J. S. : Oui, mais nous n’avions que deux heures le matin et l’après-midi avec chaque groupe, j’ai donc choisi des exercices pratiques et simples afin de mettre principalement en lumière le travail de traduction comme travail d’écriture. J’ai commencé par leur lire trois traductions différentes du premier paragraphe du roman de Tolkien Bilbo le Hobbit, dont celle de Google traduction. Puis je leur ai demandé de choisir celle qu’ils préféraient en argumentant. J’ai ensuite travaillé avec eux sur la traduction d’une phrase simple en anglais, cela a abouti à 15 versions différentes en français ! Ils ont d’emblée pu constater que derrière toute traduction il y a une voix singulière. Cela nous a amenés à aborder la question du traducteur comme auteur.
Quelles ont été leurs réactions ?
J. S. : Ils étaient tous passionnés et n’ont posé que des questions pertinentes, comme par exemple : “Mais, en fait, on pourrait dire que vous êtes l’auteur en français ?”. Avec ce type de rencontres, ils prennent conscience très concrètement de l’existence du traducteur et de son rôle. Désormais, lorsqu’ils liront un livre anglais ou américain, ils sauront que derrière la version française il y a un traducteur. C’était un plaisir de les rencontrer, cela m’a donné envie de faire plus d’ateliers avec les jeunes lecteurs, c’est toujours très riche.