Troisième jour de la Fabrique.
L’atelier se poursuit, longue et inlassable recherche du mot juste, de l’image évocatrice, de la phrase vraie.
Après Zaïtsev, Michel Tournier et Maria Youdina, nous abordons aujourd’hui Chattam et Koliada.
Nous nous heurtons à l’improbable association de mots qui ne nous semblent pas faits l’un pour l’autre, à l’effort incessant, nécessaire, épuisant que fait le traducteur pour les redire dans l’autre langue.
Ensemble, nous nous immergeons des heures dans un bain de mots et d’idées. Nous en apprenons beaucoup, peu à peu. Nous pesons, soupesons les mots, revenons à la chose pour mieux la désigner. Nous rencontrons des écueils, nous nous fourvoyons, reprenons la plume autrement. “Nous ne traduisons pas des idées, ni des atmosphères, ni des sentiments. Nous traduisons des mots. Mais par les mots nous recréons aussi les idées, les atmosphères et les sentiments, nous nous efforçons de le faire.” (Valéry)
Nous découvrons le piège de la réécriture.
Nous découvrons ensemble, tout au long d’un vaste dialogue aux accents, parfois, de psychanalyse, pourquoi nous avons fait des choix que nous ignorions, pourquoi nos réticences, pourquoi nos omissions.
C’est en nous confrontant au texte que nous laissons échapper l’une après l’autre ce qui ressemble à une confession. Que nous voyons s’édifier peu à peu les contours d’un territoire de la traduction, d’une géographie de la langue, d’un code de déontologie du traducteur. Des jalons sont posés, qui ne demandent qu’à être dépassés, et des règles sont dites, qui ne demandent qu’à être transgressées. “Le traducteur a tous les droits”, répond Paul à l’une d’entre nous qui justifie sa traduction d’un “là, j’ai le droit de le faire”, pour excuser sa liberté.
Nous donnons vie à des mondes, ici même, autour d’une grande table circulaire. Nous donnons vie aux mots que nous rencontrons, nous ramenons à une existence matérielle les boucles d’oreille d’une héroïne ou le radiateur d’un décor de théâtre. Nous faisons advenir, par le dialogue, les expressions qui conviennent. Nous (les apprenties) nous émerveillons de ce qu’eux (Paul et Valéry, Paul Valéry) trouvent en quelques instants, faisant chanter les mots à nos oreilles.
Nous cherchons un chemin d’une langue à l’autre, et parfois, dans un bruissement inattendu de la langue, nous avons le sentiment d’en trouver un.
L’atelier se poursuit, longue et inlassable recherche du mot juste, de l’image évocatrice, de la phrase vraie.
Après Zaïtsev, Michel Tournier et Maria Youdina, nous abordons aujourd’hui Chattam et Koliada.
Nous nous heurtons à l’improbable association de mots qui ne nous semblent pas faits l’un pour l’autre, à l’effort incessant, nécessaire, épuisant que fait le traducteur pour les redire dans l’autre langue.
Ensemble, nous nous immergeons des heures dans un bain de mots et d’idées. Nous en apprenons beaucoup, peu à peu. Nous pesons, soupesons les mots, revenons à la chose pour mieux la désigner. Nous rencontrons des écueils, nous nous fourvoyons, reprenons la plume autrement. “Nous ne traduisons pas des idées, ni des atmosphères, ni des sentiments. Nous traduisons des mots. Mais par les mots nous recréons aussi les idées, les atmosphères et les sentiments, nous nous efforçons de le faire.” (Valéry)
Nous découvrons le piège de la réécriture.
Nous découvrons ensemble, tout au long d’un vaste dialogue aux accents, parfois, de psychanalyse, pourquoi nous avons fait des choix que nous ignorions, pourquoi nos réticences, pourquoi nos omissions.
C’est en nous confrontant au texte que nous laissons échapper l’une après l’autre ce qui ressemble à une confession. Que nous voyons s’édifier peu à peu les contours d’un territoire de la traduction, d’une géographie de la langue, d’un code de déontologie du traducteur. Des jalons sont posés, qui ne demandent qu’à être dépassés, et des règles sont dites, qui ne demandent qu’à être transgressées. “Le traducteur a tous les droits”, répond Paul à l’une d’entre nous qui justifie sa traduction d’un “là, j’ai le droit de le faire”, pour excuser sa liberté.
Nous donnons vie à des mondes, ici même, autour d’une grande table circulaire. Nous donnons vie aux mots que nous rencontrons, nous ramenons à une existence matérielle les boucles d’oreille d’une héroïne ou le radiateur d’un décor de théâtre. Nous faisons advenir, par le dialogue, les expressions qui conviennent. Nous (les apprenties) nous émerveillons de ce qu’eux (Paul et Valéry, Paul Valéry) trouvent en quelques instants, faisant chanter les mots à nos oreilles.
Nous cherchons un chemin d’une langue à l’autre, et parfois, dans un bruissement inattendu de la langue, nous avons le sentiment d’en trouver un.
Marie Starynkevitch