Que s’est-il passé au Nicaragua dans les années 1980 ? Quel monde s’est effondré la nuit du 25 février 1990, au point de hanter encore aujourd’hui les rêves de la gauche latino-américaine ?
Entre la prise de Managua par les Sandinistes et leur défaite cuisante aux élections, dix ans de révolution socialiste transforment le pays en profondeur. C’est là une époque lumineuse de fraternité entre les peuples, d’exercice du pouvoir par les travailleurs, de redistribution des terres, d’alphabétisation des campagnes, d’évolution des mœurs.
La noche del 25 raconte l’ascension fulgurante d’une société nouvelle ainsi que la lente agonie d’une utopie tropicale, phagocytée tant par les assauts de la Contra, déployée à partir du Honduras voisin et financée par le gouvernement de Ronald Reagan, que par la corruption morale de ses dirigeants.
C’est à travers le regard d’un groupe de jeunes combattants, membres des Brigades Internationales dont il a fait partie, que Daniel Martínez nous raconte l’échec de la révolution à l’épreuve de la démocratie, mais également l’itinéraire fabuleux d’une épopée militaire, politique, sociale et sexuelle dans un petit coin de «paradis socialiste au goût de goyave».
Après l’échec des printemps arabes et des révoltes grecque et ukrainienne, la lecture de La noche del 25 s’avère primordiale pour relancer la réflexion sur notre pratique quotidienne du politique. Les vingt-trois chapitres qui constituent cette œuvre, à la fois roman policier et roman de mœurs, chronique, nonfiction novel, sont autant de vignettes envoûtantes dont la puissance d’évocation nous plonge dans une époque où tout paraissait encore possible.
L’auteur, Daniel A. Martínez Cunill (né en 1949 à San Felipe, Chili), sociologue, a vécu au Nicaragua où il a exercé la fonction de conseiller auprès du ministère de l’intérieur sandiniste entre 1979 et 1990, prenant part notamment aux négociations de paix avec les forces contrerévolutionnaires. Après son départ il rejoint Brazzaville où il participe au programme FOCIL auprès de l’ambassade du Canada. Il gagne le Mexique en 1992 et publie La noche del 25. Il y travaille comme assistant technique auprès du parlement, ce qui l’a conduit, entre autres, à participer au dialogue pour la paix en Colombie entre 1999 et 2002. Aujourd’hui, Daniel Martínez est conseiller parlementaire indépendant et analyste politique.
Éric Reyes, franco-mexicain, est tombé dans la traduction quand il était petit. Il a ensuite suivi des études de lettres françaises et hispaniques à Paris, où il s’est également passionné pour l’anglais, le portugais, le maya et l’arabe. Après avoir vécu au Caire, avant et après la révolution de 2011, il est retourné à Mexico où il est devenu menuisier. Il a traduit plusieurs romans vers l’espagnol et fabriqué quelques meubles. Il vit aujourd’hui dans le sud de la France. Quand il ne traduit pas il rêve de voguer en Méditerranée.