crédit photo: Pauline Hisbacq
Mauro, qui es-tu et pourquoi as-tu choisi de résider au Collège?
Je suis un écrivain et traducteur brésilien qui a découvert l’existence de ce lieu en 2005, grâce à un copain français qui travaillait au Consulat de Rio. En venant ici, je m’attendais à de belles rencontres, impossibles dans d’autres circonstances, entre des personnes qui font la même chose que moi mais dans un autre pays, des gens qui partagent la même passion pour les langues et notamment pour la littérature française, et qui en ont, comme moi, un point de vue qui vient d’ailleurs. En arrivant, j’ai trouvé tout cela et beaucoup plus.
Tu as écrit récemment une fiction qui se déroule au Collège, peux-tu nous en dire un peu plus?
Il s’agit de ce que j’appelle un “faux polar”, car je me sens incapable de la qualifier autrement. L’idée m’est venue pendant mon premier séjour au Collège. Je cherchais à transmettre au monde “extérieur” une idée de ce que peut être une réunion d’êtres si différents et, en même temps, si semblables. L’idée d’écrire une trame policière m’a donné le moyen d’explorer d’autres registres jamais essayés dans mes livres précédents. En gros, voilà : un traducteur est trouvé assassiné dans une des chambres du Collège. La police arrive et se trouve devant un groupe hétéroclite d’étrangers dont ils n’auraient jamais pu imaginer l’existence. Ces traducteurs deviennent alors les principaux suspects du crime. Pendant le déroulement de l’enquête, je creuse des sillons dans l’histoire en racontant brièvement la vie de chacun jusqu’au moment où ils arrivent à Arles. Je ne peux évidemment pas vous dévoiler l’identité de l’assassin.
A quand remontent tes débuts dans la traduction littéraire?
Cela a commencé après la publication de mon premier roman, au Brésil, en 1993. Mon bouquin ne s’est pas très bien vendu et, peut-être pour réduire ses pertes financières, mon éditeur m’a proposé de traduire des livres pour sa maison. Je ne crois pas qu’il en était conscient, mais je venais de trouver plus qu’un boulot, j’avais carrément découvert une passion pour toute la vie. Depuis, ça fait dix-sept ans que je partage mes jours entre l’écriture de mes livres et la traduction de ceux que d’autres auteurs ont écrits.
Tes impressions sur le quotidien au Collège?
L’ambiance dans le Collège des traducteurs est intraduisible. Il y a du théâtre, des épices exotiques, des parties de rigolade, des conversations sérieuses, des gestes de générosité qui feraient pleurer le marbre le plus dur, il y a aussi une pléiade d’accents étrangers savoureux et de récits d’aventures personnelles dont le monde des lecteurs et des auteurs ne peut se faire une idée.
L’auteur que tu rêverais de traduire?
Je suis fort satisfait de ce que m’offre le destin, c’est à dire: Gide, Zola, Gary, Onfray, Tournier, Yourcenar… Ils sont tous et toutes bienvenu(e)s.
Quelle est ta citation préférée en français? Comment la traduis-tu dans ta langue?
Je ne suis pas un homme de citations, mais d’excitations. Dernièrement, j’ai lu un truc intéressant écrit sur le mur de l’atelier d’une peintre à Trinquetaille. C’était “Le cerveau est un bordel”. En portugais brésilien : A cabeça é foda