Fridrik, qui es-tu et pourquoi as-tu choisi de résider au Collège?
Je suis marié, père de deux enfants, et traducteur islandais d‘une trentaine de livres, de Denis Diderot, Milan Kundera, Pascal Quignard, Benoit Duteurtre, Tahar Ben Jelloun, Michel Houellebecq, Irène Némirovsky, Dai Sijie etc. Je suis Président de l’Alliance française de Reykjavik depuis 2007. J’ai participé à de nombreux projets historiques franco-islandais, notamment le Musée Charcot à Sandgerdi et la restauration de l’ancien hôpital français à Faskrudsfjörður.
J’aime aller à la piscine et les balades à pied toute l’année et m’échapper de temps en temps pêcher la truite en été dans des lacs et rivières en Islande, loin de tout. J’ai choisi de résider au Collège parce que je le connais. J’y ai séjourné deux fois déjà et je voulais y revenir, cette fois accompagné de ma femme qui est professeur de français en Islande.
A quand remontent tes débuts dans la traduction littéraire?
J’ai commencé en 1983 par une pièce de théâtre, Jacques et son maître– hommage à Denis Diderot de Milan Kundera, mise en scène en Islande en 1984. Puis le roman L’Insoutenable légèreté de l’être de Kundera en 1986. Mon dernier livre traduit était le roman Suite francaise d’Irène Némirovsky, en 2011. Ici au Collège je suis en train de traduire le roman La Carte et le territoire de Michel Houellebecq.
As-tu traduit d’autres ouvrages de Michel Houellebecq? Quel est l’impact que rencontre cet auteur auprès des lecteurs islandais?
Oui, j’ai aussi traduit Les Particules élémentaires (1998) et Plateforme (2000) . Les deux ont très bien marché en Islande, en particulier chez les jeunes lecteurs universitaires et les gens de lettres. La Carte et le territoire est plus accessible que les autres, donc il sera intéressant de voir l’impact qu’il aura en Islande lorsqu’il sortira au mois d‘octobre.
D’une manière plus générale, est-ce que la littérature française contemporaine trouve facilement un lectorat chez les islandais? Selon toi, les traducteurs ont-ils un rôle à jouer pour faire découvrir les auteurs français dans leur pays?
Oui, les lecteurs islandais sont très intéressés par la littérature française contemporaine. Nous avons notre littérature islandaise prospère, mais les traductions jouent un grand rôle aussi dans le paysage littéraire. Outre les auteurs que j’ai traduit, on lit beaucoup des auteurs comme par exemple Eric-Emmanuel Schmitt et Emmanuel Carrère. Oui, les traducteurs ont un grand rôle à jouer pour faire découvrir les auteurs français dans leur pays. Comme l’a dit le grand auteur portugais José Saramago un jour lorsqu’il est venu en Islande: “Les auteurs écrivent la littérature nationale, les traducteurs écrivent la littérature mondiale”.
Quels sont tes impressions sur le quotidien au Collège?
C’est la troisième fois que je viens séjourner au Collège. J’étais déjà venu en 1992 et 1998 et j’en garde un excellent souvenir. Les conditions de travail sont parfaites, l‘équipe est accueillante et sympathique et c’est toujours un grand plaisir et stimulant professionellement de rencontrer des collègues du monde entier. C’est un très bon exemple d’une politique culturelle exemplaire de la France. Je suis très reconnaissant d’avoir pu faire ces séjours ici au Collège.
Quel auteur rêverais tu de traduire?
J’aime beaucoup ce que j’appelle “le roman ludique” qui utilise l’humour comme facteur principal de son esthétique (Diderot, Kundera), donc j’en cherche actuellement. Dans un tout autre registre, j’aimerais traduire un roman du “divin marquis”, Sade, peut-être Justine. Un grand roman sulfureux, totalement inconnu en Islande.
Quelle est ta citation préférée? Comment la traduis-tu en islandais?
Quelle est ta citation préférée? Comment la traduis-tu en islandais?
Une citation du Neveu de Rameau de Diderot que j’ai traduit partiellement ici en 1998: “Tout le monde est le chien de quelqu’un. Même le roi.” En islandais: “Allir eru einhverra hundar. Jafnvel
kóngurinn.”
photo : Laure Ledoux