Communiqué RELIEF – Réseau des Événements Littéraires et Festivals -, du 13/11/2015
Évidemment qu’il faut rémunérer les auteurs, il serait indécent de ne pas le faire. Dans le cadre de manifestations littéraires où chacun est payé – programmateur, animateur, interprète, comédien, musicien, technicien, chauffeur… – comment justifier que les écrivains et les traducteurs soient les seuls à ne pas l’être ? Impossible. Cette évidence – la rémunération des auteurs – constitue une reconnaissance professionnelle incontournable : on fonde la valeur de l’événement sur leur présence, on leur prend du temps, donc on les paye.
Cette évidence est d’autant plus compréhensible avec l’avènement d’une nouvelle génération d’événements qui ne se limitent pas à la seule logique promotionnelle. Aujourd’hui, les auteurs doivent de plus en plus préparer leur intervention et non se contenter de dédicacer ou de faire mécaniquement le « pitch » de leur livre en quelques minutes. Ils viennent débattre, réfléchir à voix haute, s’engager dans un acte artistique (lectures, performances). Nous sommes bien là dans un temps qui doit correspondre à une rémunération juste et équitable, celle qu’un auteur est censé percevoir dans le cadre de son activité professionnelle.
Nous ne pouvons donc que nous réjouir de la décision de certains financeurs (CNL, SOFIA, SCAM…) de subordonner à cette règle d’évidence et d’équité leur soutien aux manifestations littéraires. Tout en souhaitant qu’ils prennent en compte les dépenses liées à la rémunération des auteurs et réévaluent à la hausse leurs aides aux structures qui respectent cette équité, nous y voyons beaucoup d’effets vertueux. Pour les auteurs, cela peut contribuer à consolider des revenus qui, pour la plupart d’entre eux, sont modestes. Pour les organisateurs, cela peut même participer d’une certaine responsabilisation : il est parfois préférable d’inviter mieux, c’est-à-dire un peu moins mais de façon plus réfléchie et préparée. Nous voyons trop d’événements qui jouent la course aux chiffres (« Plus de 300 auteurs invités ») ou qui entassent 5 ou 6 personnes sur une même scène, chacun n’ayant alors que quelques minutes pour s’exprimer.
Enfin, que l’on ne nous dise pas que cette mesure va affaiblir les événements qui fonctionnent sur une autre logique. Rien n’empêchera un écrivain de répondre favorablement et gracieusement à l’invitation d’une équipe bénévole. Rien n’empêchera non plus ces événements de faire un jour le choix de se professionnaliser. Cela engendrera certes des coûts, mais cela ouvrira aussi la possibilité de financements spécifiques. C’est d’ailleurs l’histoire de nombre de manifestations littéraires qui ont commencé grâce à la passion de quelques-uns, sans budget ou presque et qui, au fil des ans, ont grandi, affiné leur identité, démontré leur légitimité et se sont progressivement professionnalisés. C’est même sans doute l’histoire de la plupart des festivals qui comptent aujourd’hui, en littérature comme dans les autres domaines.
Les membres du réseau RELIEF :
ARL (Agence Régionale du Livre) PACA ; Arts 276 – Festival d’automne en Normandie ; ATLAS – Association pour la promotion de la traduction littéraire – Arles ; BPI (Bibliothèque Publique d’Information) – Paris ; Cafés Littéraires de Montélimar ; Les Champs libres – Rennes ; CIPM Marseille ; Concordan(s)e – Paris ; Les Correspondances de Manosque ; CRL (Centre Régional des Lettres) Basse-Normandie – Caen ; CRL Franche-Comté – Besançon ; Epoque – Salon des livres qui éclairent notre temps – Caen ; Escale du livre – Bordeaux ; Faits & Gestes – Paris ; Festival Livres & Musiques – Deauville ; Festival du premier roman – Chambéry ; Festival du premier roman – Laval ; Fête du livre de Bron ; FIL (Festival International de la Littérature) – Montréal ; Le Goût des autres – Le Havre ; Hors Limites – Seine Saint-Denis ; Les Littorales – Marseille ; Lettres du Monde – Bordeaux ; La Maison du Banquet & des générations / Banquets du livre – Lagrasse ; Maison Julien Gracq – Saint-Florent-le Vieil ; Maison de la Poésie – Paris ; Le Marathon des mots – Toulouse ; La Marelle – Marseille ; MEET (Maison des Ecrivains Etrangers) – Saint-Nazaire ; Les Mots s’en mêlent ; Permanences de la littérature – Bordeaux ; Printemps Balkanique – Caen ; Printemps du livre – Grenoble ; SGDL (Société des Gens de Lettres) – Paris ; Textes & Voix en Cévennes ; Textes & Voix – Paris ; Villa Marguerite Yourcenar – Saint-Jans-Cappel ; Indication – Bruxelles ; Passaporta – Bruxelles.