La saison des prix s’achève et met en lumière le travail de deux jeunes traductrices aux choix ambitieux : Carole Fily qui vient de recevoir de la Société Française des Traducteurs et de l’ESIT le prix Pierre-François Caillé pour sa traduction de l’allemand de L’étrange mémoire de Rosa Masur, un roman de Vladimir Vertlib paru aux Éditions Métailié, et Laurence Foulon qui inaugure la nouvelle catégorie Traduction des Prix Révélation de la SGDL pour sa traduction du russe de Ma découverte de l’Amérique de Vladimir Maïakovski (éditions du Sonneur). Retour sur les traducteurs primés cet automne.
Le Prix Pierre-François Caillé de la traduction 2017 a été remis le vendredi 1er décembre à Carole FILY pour sa traduction de l’allemand de L’Étrange Mémoire de Rosa Masur, de Vladimir Vertlib, publié aux éditions Métailié. Décerné depuis 1981 par la Société française des traducteurs (SFT) avec le concours de l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT), le prix Pierre-François Caillé de la traduction récompense chaque année un traducteur qui débute dans l’édition (maximum trois ouvrages traduits et publiés).
« “Ce destin de femme est passionnant. Il en émane une incroyable force de vie !”, s’exclame Sylvie Escat, membre du jury. “Et la traduction de Carole Fily est à la hauteur du personnage. La lauréate a par ailleurs le mérite d’avoir su convaincre son éditeur de publier Vladimir Vertlib, qui n’avait encore jamais été traduit en français. Un exercice de style particulièrement délicat pour cette professeure agrégée d’allemand, confrontée à la double culturalité d’un auteur autrichien d’origine russe. Vertlib n’écrit pas dans sa langue maternelle et se permet des libertés avec la langue. Carole Fily en parle très bien : “Certaines choses un peu hybrides, à la fois russes et allemandes, étaient difficiles à rendre en français, mais j’ai trouvé ça magique.” Des libertés qu’il a en effet fallu conserver pour ne pas dénaturer le texte original.” » [Extrait du communiqué de la SFT]
Le jury a attribué également une mention spéciale à Michelle Ortuno pour sa traduction de l’espagnol de Baby Spot, un roman d’Isabel Alba paru aux éditions La Contre Allée.
> Les autres traducteurs sélectionnés du prix Caillé 2017 :
- Étienne Gomez, pour sa traduction de l’anglais (États-Unis) de Meilleur ami/Meilleur ennemi de James Kirkwood, aux Éditions Joëlle Losfeld ;
- Loïc Marcou, pour sa traduction du grec de Le Crime de Psychiko, de Paul Nirvanas, chez Mirobole éditions ;
- Anita Rochedy, pour sa traduction de l’italien de Le Garçon sauvage, carnet de montagne, de Paolo Cognetti, aux Éditions Zoé ;
- Natacha Ruedin-Royon, pour sa traduction de l’allemand de L’Île, d’Ilma Rakusa, aux Éditions d’en bas ;
- Théophile Sersiron, pour sa traduction de l’anglais (États-Unis) de Le Contorsionniste, de Craig Clevenger, aux éditions Le Nouvel Attila.
La Société des gens de lettres a remis ses Prix Révélation 2017, le mardi 5 décembre à l’Hôtel de Massa, et inaugurait deux nouvelles catégories : poésie et traduction. Laurence FOULON est la “Révélation de traduction”, pour sa traduction du russe de Ma découverte de l’Amérique, de Vladimir Maïakovski, paru aux éditions du Sonneur. Doté de 2000 € et décerné par un jury composé de traducteurs et d’auteurs, ce prix récompense le travail d’un traducteur émergent, toutes langues confondues.
Il aurait été fort dommage que ces articles écrits en 1925 mais qui font écho à notre monde moderne tombent dans l’oubli. La traductrice a su donner de cette vision intuitive et futuriste de l’Amérique, admirative parfois mais toujours marquée d’une pointe d’ironie et de sarcasmes, un récit fluide et passionnant dans une belle et astucieuse traduction. Evelyne Châtelain
> Les autres sélectionnés du prix SGDL Révélation de traduction 2017 :
- Julia CHARDAVOINE, Gabacho d’Aura Xilonen, Liana Levi (traduit de l’espagnol, Mexique)
- Karine DEGLIAME-O’KEEFFE, Mrs Hemingway de Naomi Wood, La Table Ronde (traduit de l’anglais, Etats-Unis)
- Guillaume DENEUFBOURG, N’écrire pour personne, de A.L. Snijders, éditions de L’Observatoire (traduit du néerlandais)
- Théophile SERSIRON, Le Contorsionniste de Craig Clevenger, Le Nouvel Attila (traduit de l’anglais, Etats-Unis)
Grand Prix de traduction de la Ville d’Arles 2017
Julia CHARDAVOINE, Gabacho (Traduit de l’espagnol – Mexique) d’Aura Xilonen, éditions Liana Levi, 2017
Le choix du jury s’est porté sur la traduction de ce roman d’initiation, dont le héros Liborio, un « picaro » déclassé, ne survit que grâce à la force de ses poings et de ses mots. Julia Chardavoine, déclarent les membres du jury, « a réussi avec brio à restituer la dimension poétique et politique de ce texte. Une traduction qui représente un réel défi pour transmettre en français cette prose inventive et crue, tissée de néologismes, de « spanglish », de métaphores et d’images ».
>>> Lire l’article “Julia Chardavoine, lauréate du Grand Prix de traduction de la ville d’Arles 2017“
Le Grand Prix de traduction de la Ville d’Arles qui récompense la traduction d’une œuvre de fiction contemporaine, remarquable par sa qualité et les difficultés qu’elle a su surmonter, a été remis à Julia Chardavoine le vendredi 10 novembre à l’occasion des 34es Assises de la traduction littéraire ATLAS à Arles.
Prix Laure-Bataillon et Prix Bernard-Hœpffner 2017
La Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs (MEET) a récompensé deux traducteurs le 21 novembre à la Maison de la Poésie de Paris :
– José Carlos Llop et son traducteur Edmond Raillard, pour Solstice, Prix Laure Bataillon 2017 qui récompense la meilleure œuvre de fiction traduite en français dans l’année.
– Marie Cosnay pour sa traduction des Métamorphoses d’Ovide (éditions de l’Ogre), prix Bernard-Hœpffner (ancien prix Laure-Bataillon classique) 2017.
Le prix Marco Polo Venise – Remise des Prix le 18 janvier 2018 à l’ambassade d’Italie de Paris
> Emanuele TREVI et sa traductrice Marguerite POZZOLI, Le Peuple de bois, éditions Actes Sud
Cette année, le jury du Prix, présidé par Christine Bach et Umberto Vattani, a distingué Le peuple de bois, d’Emanuele Trevi, traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli (Actes Sud). L’auteur et sa traductrice recevront le prix le 18 janvier à l’Ambassade d’Italie à Paris. Le prix Marco Polo Venise est un prix littéraire franco-italien soutenu par l’ambassade d’Italie à Paris et par l’ambassade de France à Rome. Il est attribué à un roman italien traduit en langue française publié dans l’année en cours, et récompense à la fois l’auteur et son traducteur.
A suivre en 2018…
• Le prix Gérard de Nerval SGDL / Goethe Institut devient le prix Nerval-Goethe
Anciennement prix Nerval SGDL / Goethe Institut, le Prix Nerval-Goethe est désormais décerné à Paris tous les deux ans et a pour but de récompenser la traduction en français d’un ouvrage allemand et l’ensemble de l’œuvre d’un traducteur chevronné. Le nouveau jury est composé de Claire de Oliveira (Présidente), Bernard Banoun, Isabelle Kalinowski, Serge Niemetz, Françoise Toraille et un représentant du Goethe-Institut de Paris. Doté de 8.000 €, ce nouveau prix Nerval-Goethe et soutenu par la DGLFLF, la DLF, la Sorbonne et le Goethe-Institut. La première remise du prix aura lieu le mercredi 31 janvier 2018 à Paris.