Adam à son bureau, en résidence au Collège international des traducteurs littéraires (© Lucile Leclair). Adam en conversation avec son ami Pierre Gallissaires.
Adam Wodnicki, né le 25 décembre 1930 à Janow Lubelski, dans la voïvodie de Lublin en Pologne, est mort à près de 90 ans le 9 juin 2020 à Cracovie. Traducteur de Saint-John Perse, Yves Bonnefoy, Julien Gracq, Amadou Lamine Sall, Simone Weil, Jacques Derrida et Edmond Jabès, il était amoureux de la Provence et du Collège des traducteurs. En 2019, il effectuait son 18e séjour, espérant nous retrouver l’année suivante, comme chaque année depuis 1994. C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris sa mort et nous lui rendons ici un tendre hommage.
Adam Wodnicki naît le 25 décembre (ça ne s’invente pas) 1930 à Janow Lubelski, dans la voïvodie de Lublin en Pologne. Durant la seconde Guerre mondiale, encore adolescent, il prend part à la Résistance dans les rangs des Szare Szeregi, issus du scoutisme. Après la guerre, il suit ses études au conservatoire de musique et à l’Académie des Beaux-arts de Cracovie. Il participe alors à la création et à la direction du bimensuel artistique et littéraire Zebra. À partir de 1967, il enseigne à l’Académie des beaux-arts de Cracovie, où il exerce notamment les charges de doyen de la faculté de design industriel, puis de vice-recteur.
Il compte ensuite parmi les membres-fondateurs de Cap à l’Est, un festival européen de poésie, théâtre et musique qui se déroule chaque année en Slovaquie (Bratislava, Banská Štiavnica, Zvolen, etc.)
Il devient membre du comité de rédaction de la maison d’édition Austeria de Cracovie. Il a été professeur invité à l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse.
Traducteur de poètes et philosophes tels que Saint-John Perse, Yves Bonnefoy, Julien Gracq, Amadou Lamine Sall, Simone Weil, Jacques Derrida ou encore Edmond Jabès, il contribue au rayonnement de la culture française en Pologne. Il découvre physiquement la Provence lors de son premier séjour au Collège des traducteurs en 1994. Naît alors un attachement inconditionnel puisqu’il dira : « La Provence dont je parle n’est pas un endroit que l’on visite et que l’on quitte pour rentrer chez soi. La Provence dont je parle est mon véritable chez moi ».
Devenu un ami fidèle du Collège des traducteurs, qu’il considérait comme sa deuxième maison, il a effectué pas moins de 18 séjours et noué des amitiés durables aussi bien avec ses collègues traducteurs que dans la ville d’Arles, comme celle avec Ladislas Mandel, son ami typographe et ancien résistant disparu lui aussi.
Depuis 2011, il préférait l’écriture et la photographie à la traduction. Il a publié plusieurs monographies pour la plupart non encore traduites en français : Notatki z Prowansji (Notes de Provence), Austeria, 2011 ; Obrazki z krainy d’Oc (Images de la terre d’Oc), Austeria, 2012 ; Arelate. Obrazki z niemiejsca (Arelate, photos de nulle part), Austeria, 2013 ; Tryptyk oksytański (Triptyque occitan), Austeria, 2014 et Anamnezy (Réminiscences), et Lekcja łaciny (Leçon delatin), Austeria, 2016.
Son Carnet arlésien, publié en français en 2016 par les éditions Austeria nous livre quelques extraits de son œuvre en polonais.
Au cours de sa longue vie, Adam Wodnicki a reçu de nombreux prix pour son œuvre de traducteur et d’écrivain : le prix de la société des auteurs ZAiKS pour l’ensemble de ses traductions de la poésie française en 1998, le Prix du livre de Cracovie en 2013 pour Arelate. Obrazki z niemiejsca (Arelate, photos de nulle part), il avait également été fait chevalier des Arts et des lettres en 2014 et Citoyen honoraire de la ville d’Arles en 2017. Le 12 juin 2017 à Saint-Petersbourg, il recevait également le prix du meilleur livre de l’année pour l’édition russe de son ouvrage sur Arles Tryptyk oksytański.
Adam Wodnicki habitait à Cracovie avec son épouse, Maria Ledkiewicz-Wodnicka, sculptrice spécialisée dans les œuvres monumentales en céramique.
Tous tes amis arlésiens et tes amis du Collège et de l’association ATLAS te saluent Adam. Ils auront beaucoup de mal à parler de toi à l’imparfait.
Quelques documents transmis par ses amis traducteurs, écrivains et éditeurs…