// Les participants //
Vers l’anglais :
Katie ASSEF, Américaine • Eau sauvage de Valérie Mréjen (Allia, 2004)
Eau sauvage est le troisième ouvrage de l’auteure, plasticienne et réalisatrice Valérie Mréjen. Ce récit occupe une place particulière dans son œuvre expérimentale et pluridisciplinaire : il se caractérise par une écriture très orale, à la fois fragmentaire et limpide mais qui trouble la perception. On pourrait parler de monologue – celui d’un père étouffant – mais ce n’est pas tout à fait ça ; plutôt un dialogue à sens unique entre ce dernier et sa fille taiseuse. À travers les mots du pater familias – ses reproches, ses soupirs, ses interrogations – et les ellipses qui ponctuent discrètement le texte, Mréjen assemble le portrait d’une relation père-fille poignant, mélancolique et d’une drôlerie douce et subtile.
Issue d’une école d’art, Valérie Mréjen s’intéresse rapidement à l’exploration des possibilités du langage. Ses travaux ont fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’étranger, notamment au Jeu de Paume en 2008. Elle a réalisé plusieurs courts-métrages, des documentaires (Pork and Milk, 2004 ; Valvert, 2008) et un long métrage de fiction, En ville, co-réalisé avec Bertrand Schefer et sélectionné à la quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2011. Elle a publié Mon grand-père (1999), L’Agrume (2001), Eau sauvage (2004) aux éditions Allia, et Forêt noire (2012), Troisième personne (2017) aux éditions P.O.L.. En 2014, elle a mis en scène pour la première fois un spectacle tout public, Trois hommes verts, créé au Théâtre de Gennevilliers. Eau sauvage a été mis en scène en 2014 au CDN de Béthune par Julien Fisera. En 2016, elle collabore avec Arthur Nauzyciel en adaptant L’Empire des lumières pour une création au Théâtre national de Corée. Artiste associée au TNB à Rennes, elle signe l’adaptation de La Dame aux camélias mis en scène par Arthur Nauzyciel et travaille avec Albin de la Simone sur une création d’après Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns.
Katie Assef est titulaire d’un master de création littéraire à City University of New York. Elle a été libraire pendant 6 ans, tout en traduisant et en écrivant dans son coin. Elle a traduit des nouvelles francophones dans les anthologies de la collection Asphalte Noir dont Bruxelles Noir, Montréal Noir et Marrakech Noir, publiées par Akashic Books aux États-Unis. Elle travaille depuis quelques années sur l’œuvre de Valérie Mréjen, qu’elle découvrit en lisant une revue littéraire en cachette derrière son comptoir de libraire. Ce fut un choc esthétique qui ne s’est jamais démenti depuis.
Californienne, Katie a obtenu une résidence au collège pendant l’été 2018 pour traduire Forêt noire, le quatrième roman de Valérie Mréjen. Elle s’est ensuite installée à Arles et a participé à l’atelier ViceVersa anglais-français en 2019.
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Daria CHERNYSHEVA, Américaine (née en Russie) • Double nationalité de Nina Yargekov (Editions P.O.L., 2016 – Prix de Flore)
Une fille amnésique se réveille à l’aéroport : elle a deux portables, deux portefeuilles, deux passeports. Que fait-elle ? Voici la situation qui déclenche l’intrigue de Double nationalité de Nina Yargekov, troisième roman de l’autrice, Prix de Flore 2016. Il s’agit d’une traductrice franco-hongroise qui est citoyenne de deux pays, qui parle deux langues et qui mène alors deux existences. Au long de sa quête pour sa véritable identité, parmi ses allers et retours, elle examine ce dédoublement avec un humour ironique et burlesque. Épopée d’Ulysse subvertie, le roman pose la question : comment retourner dans sa patrie quand celle-ci n’est qu’une fiction ?
Daria Chernysheva est née en Russie et a immigré aux États-Unis à l’âge de six ans. Elle a fait son master en traduction littéraire, financée par le programme Fulbright, à l’Université de Warwick. Elle réside un peu partout et travaille comme traductrice et écrivaine freelance. Elle a dernièrement traduit deux livres jeunesse parus chez 404 Éditions pour l’éditeur américain Silver Dolphin Books. Elle souhaite continuer de travailler sur Double nationalité et que ce roman soit bientôt accueilli par une maison d’édition et des lecteurs anglophones.
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Sara VLADUSIC, Canadienne anglophone • Nous serons des héros de Brigitte Giraud (Stock, 2015)
Finaliste du Prix Femina en 2015, Nous serons des héros est le huitième roman de Brigitte Giraud, qui a remporté le Prix Goncourt pour la nouvelle 2007 pour L’amour est très surestimé. Au début des années soixante-dix, Olivio et sa mère s’installent dans une banlieue lyonnaise après avoir fuit le Portugal, alors que le régime Salazar connaît son dernier souffle. Olivio a huit ans quand il quitte le Portugal ; il en aura quatorze quand il y reviendra en vacances. Ce roman sublime examine cette intervalle de six ans et juste après, une réflexion sur la perte, l’exil et les vies de ceux qui se trouvent pris au milieu des conflits de l’histoire.
Sara Vladusic est traductrice freelance du français et du serbo-croate vers l’anglais et travaille comme transcriptrice au Service du Journal des débats et de l’interprétation à l’Assemblée législative de l’Ontario. Lauréate du Prix d’études supérieures en traduction Daniel Simeoni, elle a fait son master en études de traduction au Collège Glendon à l’Université York. Elle a co-traduit Herceg-Novi Imagery Lexicon (TAHN, 2018) et travaille actuellement sur les suites à propos de Tivat et Kotor.
Vers le français :
Nino S. DUFOUR, Française • Borderlands / La Frontera de Gloria E. Anzaldua (Aunt Lute books, 1987)
Publiée en 1987, Borderlands / La Frontera, The New Mestiza est une œuvre inclassable, littéraire et très politique à la fois, pionnière de la littérature féministe chicana, récompensée par plusieurs prix littéraires et récemment republiée pour la quatrième fois. Gloria E. Anzaldua y navigue des souvenirs d’enfance à l’analyse historique de la colonisation et de ses effets, du récit mythologique à la quête spirituelle, pour composer un véritable manifeste politique et poétique. Une autohistoria-theoria pour un nouveau langage, celui de la frontière, et une nouvelle subjectivité : la nouvelle Mestiza.
L’autrice a émaillé le texte anglais de mots, phrases voire paragraphes et poèmes entiers en espagnol chicano. Deux autres traductrices travaillent à rendre ces passages accessibles aux lectrices et lecteurs francophones : Alejandra Soto-Chacon et Eva Rodriguez.
Gloria E. Anzaldua est née en 1942 aux États Unis, dans la vallée du Rio Grande, à la frontière entre le Texas et le Mexique, dans une famille qui vit aux Etats-Unis depuis six générations, elle est morte en 2004 à Santa Cruz, en Californie. Ses travaux en théorie culturelle Chicana.x et théories féministe et queer ont été essentiels aussi bien dans l’université qu’à l’extérieur. Outre l’écriture de poésie, de littérature pour enfants et de Borderlands, son œuvre majeure, elle a notamment co-dirigé avec Cherrie Moraga un livre précurseur, This Bridge called my Back, Writings by Radical Women of Color.
Nino S. Dufour est traductrice indépendante depuis 2010, de l’italien et de l’anglais vers le français. Après une formation de philosophie contemporaine, études de genre et études postcoloniales, la traduction s’est imposée comme une évidence : d’abord la traduction technique, grâce à un passage par le master ILTS de l’université Paris-Diderot en 2015-2016, et la traduction de sous-titres, puis la traduction littéraire (Kids with Guns, Capitan Artiglio, 2019, Casterman ; Mon fils en rose, Camilla Vivian, à paraître, éditions la Contre-allée).
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Audrey FAVRE, Française (vivant au Canada) • What Is Not Yours Is Not Yours d’Helen Oyeyemi (Penguin Random House, 2016)
Helen Oyeyemi, née en 1984, est une autrice britannique publiée depuis ses 19 ans. Elle a publié six romans et un recueil de nouvelles : What Is Not Yours Is Not Yours. Neuf nouvelles axées sur le thème des clés, des portes et du sens. Neuf nouvelles oniriques ou cruelles, aux allures de conte moderne. Des histoires fantastiques où les points de vue se multiplient, où les portes ne cessent de s’ouvrir sur des univers imbriqués. Chacun trouvera un sens au recueil par une porte différente, dans un univers différent.
Audrey Favre est traductrice éditoriale et rédactrice indépendante depuis douze ans. Après avoir traduit une cinquantaine d’ouvrages pratiques et d’essais, elle souhaite désormais se tourner vers la fiction. Elle a traduit trois nouvelles fantastiques et co-traduit un roman pour jeunes adultes en 2018. Française installée depuis 2014 au Canada, elle savoure son statut d’électron libre et aime travailler depuis le monde entier.
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Alix HOULLIER, Française • The Cat Who Wished To Be A Man de Lloyd Alexander (E.P. Dutton, 1973)