“С’est au fruit qu’on connaît l’arbre ”
Qui es-tu et pourquoi as-tu choisi de résider au Collège ?
Professeur de langue française à l’Université Pédagogique de Douchanbé, j’enseigne la stylistique, la grammaire, et je traduis
des écrivains et des poètes français. Au Tadjikistan, nous sommes
grands amateurs de poésie – un remède contre toutes les douleurs.
C’est
en grande partie grâce à Monsieur l’Ambassadeur de France au Tadjikistan, Henry Zipper de Fabiani, que j’ai aujourd’hui la possibilité de séjourner au Collège.
Ce lieu est pour moi sacré, les grands esprits
s’y rencontrent. Tout y est bien organisé, nous logeons dans des chambres très bien aménagées, et la bibliothèque du Collège constitue
une ressource inestimable pour les traducteurs en résidence.
A quand remontent tes débuts dans la traduction littéraire?
J’ai débuté en traduisant des articles français en tadjik quand j’étais encore étudiant. Je me souviens de ma première traduction: un texte de Raymond Schwab sur la querelle de l’Avesta. Mes premiers pas dans la traduction ont été difficiles, mais
aujourd’hui, cet art me passionne. En 2004, j’ai commencé à traduire
douze poètes français contemporains en tadjik. Ainsi, en 2005, une
anthologie de la poésie contemporaine française a été publiée sous le titre de La résurrection de l’arbre vert. Puis il y a eu mes traductions de Vol de Nuit d’Antoine de Saint-Exupéry (2006), de L’étranger d’Albert Camus (2007), puis de 93 de Victor Hugo (2008).
Actuellement, je traduis Les
lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet. Sans mon séjour au Collège,
ma traduction aurait sans doute pris une tournure plus brute. Les
contes de Daudet contiennent d’innombrables expressions, termes
religieux, mots latins, provençaux : « gagner de beaux écus à la rose », « avoir la chair de poule », « le bouquin d’ambre aux lèvres », «Dominus Vobiscum », « ses quatre blouses comme des sébiles », etc.
L’accès aux nombreux dictionnaires de la bibliothèque est une véritable chance pour mener à bien ce travail.
Tes impressions sur le quotidien au Collège ?
On rencontre ici des traducteurs venus du monde
entier. Cela permet d’élargir son réseau. De nouvelles amitiés se
nouent. De plus, le Collège organise des rencontres avec des écrivains
et des conteurs. À mon avis, de jour en jour, le nom et la fierté du
Collège se répandent dans le monde entier. À la direction, tout le monde est très attentionné, et je tiens à remercier les employés du Collège du fond du coeur.
L’auteur que tu rêverais de traduire ?
Le vers libre de René Char me semble d’une fraîcheur et d’une beauté qu’apprécieraient les
lecteurs tadjiks. Il me touche profondément. J’espère que l’avenir me
donnera l’occasion de traduire ce grand poète français.
« Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps. »
(René Char, Le Marteau sans maître)
Quelle est ta citation préférée en français ? Comment la traduis-tu dans ta langue ?
Ma citation préférée en français est «qui aime, attend» (Henry Million de Montherlant), et son équivalent tadjik: «Азсабр, гурахалвогаштааст».