Quel dommage qu’il ne soit décidément pas possible d’écrire avec une trompette ! Nous en ferions un usage modéré, promis. Nous ne la sortirions même qu’en de très rares occasions, pour attirer l’attention sur un événement capital, pour sonner le réveil de la littérature, quand nous la voyons renaître de toutes ses morts successives et se réinventer absolument, comme si soudain ne pesaient plus sur elle des siècles de tradition et qu’elle s’émancipait complètement des formes consacrées.
Les éditions Tristram publient Scènes de la vie d’un faune, d’Arno Schmidt, et je pleure de ne pouvoir augmenter le volume de cette annonce en l’entonnant plutôt dans le tuyau de ma trompette. Car la littérature recommence avec Arno Schmidt. (…)
Les éditions Tristram publient Scènes de la vie d’un faune, d’Arno Schmidt, et je pleure de ne pouvoir augmenter le volume de cette annonce en l’entonnant plutôt dans le tuyau de ma trompette. Car la littérature recommence avec Arno Schmidt. (…)
Eric Chevillard, Le Monde, 15 septembre 2011.
copyright : Arno Schmidt Stiftung
La réception de l’œuvre d’Arno Schmidt en France porte la marque de ce cycle de naissances et de morts successives. Porté au sommet puis tombé dans l’oubli, résistant à toutes les assignations (avant-garde, ovni littéraire, …), il construit des récits alliant humour burlesque et audaces techniques, en une succession d’instantanés : mode d’écriture proche de notre perception qui ne retient que les aspérités de l’expérience, proche de l’instantané photographique aussi, qui accentue l’écart entre vision et reconnaissance, provoquant chez le lecteur la surprise d’une première fois.
La pratique photographique de Schmidt révèle à la fois le décor de ses récits (la lande de Lünebourg) et s’inscrit au cœur même de la genèse de son écriture. Arno Schmidt a photographié tout sa vie. « Quoi qu’il en soit, on voit plus de choses qu’on ne peut en restituer », écrit-il. Dans La boîte noire où se loge notre cerveau, le processus de mise en langue nous oblige à choisir, interpréter, aiguiser, tailler. Un bain révélateur que Schmidt, photographe compulsif mais qui ne procédait que rarement au tirage de ses photos, nommait « déshydratation ».
La pratique photographique de Schmidt révèle à la fois le décor de ses récits (la lande de Lünebourg) et s’inscrit au cœur même de la genèse de son écriture. Arno Schmidt a photographié tout sa vie. « Quoi qu’il en soit, on voit plus de choses qu’on ne peut en restituer », écrit-il. Dans La boîte noire où se loge notre cerveau, le processus de mise en langue nous oblige à choisir, interpréter, aiguiser, tailler. Un bain révélateur que Schmidt, photographe compulsif mais qui ne procédait que rarement au tirage de ses photos, nommait « déshydratation ».
En montrant pour la première fois en France une centaine de ses photographies et en organisant un colloque international autour de son écriture en images et de la traduction du réel qu’elle propose, la Fondation Arno Schmidt de Bargfeld, l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie et le Collège International des Traducteurs Littéraires d’Arles s’associent pour faire résonner l’œuvre de l’écrivain-photographe.
Renseignements : +33 (0)4 90 52 05 50 – citl@atlas-citl.org
Télécharger le programme complet : EXE_depliant_arno_schmidt_basse_def.pdf