Écrire, c’est tenter de construire, par la magie de signes alignés sur une page, une réalité de papier, une astucieuse imposture qui, dans le cadre de l’horizon de lecture, aura des accents de vérité. Les auteurs, qu’ils soient romanciers ou traducteurs, pèsent chacun de leurs mots sur ce trébuchet-là, et c’est à cela qu’on les juge.
Par un effet miroir, lire, c’est souscrire à un contrat virtuel qui exige de l’auteur que les personnages nés sous sa plume – empereur, charbonnier, assassin, dieu de l’Olympe ou chien errant – soient convaincants. Ce n’est que lorsque cette magie opère, lorsque ces personnages « prennent vie », que l’on est en littérature. On conçoit aisément que cela n’est pas simple. Cependant, quand l’auteur met en scène un enfant, cette difficulté devient une gageure, car si tout le monde n’a pas été empereur ou dieu de l’Olympe, tout le monde a été enfant. Alors, comment faire ? Comment rendre crédible cette « voix de l’enfance », quels que soient les genres littéraires ou les publics visés ? Tel est le thème de ces Assises, où, entre tables rondes, conférences et ateliers, nous nous pencherons sur la façon – sur les façons – dont romanciers et traducteurs relèvent chaque jour ce défi.